
J’ai récemment redécouvert l’œuvre de Samivel, un illustrateur, photographe, écrivain qui fût un des premiers activistes et environnementalistes œuvrant pour la protection de la montagne et notamment des Alpes au milieu du XXème siècle. Dans sa bibliographie il y a un ouvrage beaucoup moins connu intitulé l’Or de l’Islande. C’est un récit écrit par lui et documenté par un ami photographe lors de leur tour de l’île en 1962. Le livre n’a eu que peu de tirages et il fût difficile de retrouver une copie existante. Il est néanmoins fascinant. Samivel y décrit l’historique de la découverte de l’Islande au travers des mythes et légendes anciennes, et son expérience de l’île et durant son voyage. Il y décrit les paysages improbables de l’île accompagnés de magnifiques photos en noir et blanc. Des légendes anciennes de la découverte de l’île par l’explorateur Grec Pythéas, en passant par la colonisation des Vikings devenus Nordmans, jusqu’à l’Islande « moderne » qu’il observait pendant son passage en 1962, Samivel dresse un portrait de l’Islande où l’historique, le mystique et l’esthétique s’entremêlent.




Le but dès lors, c’était de partir à deux amis avec un van, un appareil photo, une paire de chausson d’escalade et une combinaison en néoprène, et suivre les endroits parcourus par l’auteur il y a 60 ans. Il a très bien documenté ses lieux de passage pour l’époque, et nous avons pu retrouver la majorité d’entre eux. C’est une expérience très particulière de suivre le livre. C’est comme marcher sur les traces d’un esprit qui habite toujours les lieux, et qui nous montre du doigt où regarder. C’est un peu un jeu aussi, de passer du temps à retrouver le lieu exact du cliché, l’angle, et imaginer ce qu’il pensait à ce moment-là, se mettre dans sa peau. Que ce soit par la vibrance des couleurs, la puissance des éléments, les changements dans les décors naturels et espèces sauvages, l’invasion du tourisme de masse et le développement de l’industrie et des infrastructures urbaines, le contraste entre hier et aujourd’hui nous a tantôt touchés, frappés, ou renversés. Quand on n’a pas 30 ans mais qu’on met côte à côte ces deux réalités irréconciliables et pourtant si proches dans le temps, ça bouscule.
