Third Eye Line - 3. Résilience

« Le Viking n’était pas le Nordman. La vérité fut moins simple ; et la crise passée, le tueur se transforma en fermier paisible. Ici, l’Île a joué son rôle. Elle avait vu débarquer des nobles, turbulents et ferrailleurs. Mais la terre des longues épreuves s’est chargée de les mater. Et pendant huit siècles on peut dire qu’elle ne les a pas laisse souffler, pas cinq années de suite. Elle a réagi exactement comme une bête sauvage ; indomptable, ruant, rugissant, secouant l’échine, crachant le soufre, en proie aux gels, aux débâcles incandescentes, aux invasions d’icebergs, aux flammes, aux houles et aux ténèbres. Personne ne pourra jamais dire ce qu’elle fit subir aux hommes. » (p.88)

Lac de cratère du volcan Viti (1962)

Lac de cratère du volcan Viti (2022)

Un demi-siècle après, le vent a tourné. Les glaciers reculent sur des kilomètres, les niveaux d’eau montent. Et bien que les précipitations changent d’une année à l’autre et ne témoignent pas directement des transformations climatiques à long-terme, le mouvement des glaciers est le métronome de ce choc.

Fláajökull (1962)

Fláajökull (2022)

Vatnajökull dans le parc de Skaftafell

Déversement d'icebergs depuis le glacier de Skaftafelljökull

Déversement d'icebergs depuis le glacier de Vatnajökull

Le Langjokull est le plus grand glacier d’Islande. Il s’étend sur toute la partie Sud de l’île tel un poulpe géant dont les tentacules glacées se disséminent à leurs extrémités en icebergs flottants sur les reflets argentés de l’eau saumâtre. Et comme pour fuir le danger, il se rétracte d’année en année, laissant derrière lui des kilomètres de sable noir comme une trainée d’encre.